Le line-up cinema de Dissidenz en 2015

En 2015, nous aurons le plaisir de sortir en salles, le 4 mars, L’ABRI de Fernand Melgar, dont nous avons déjà distribué les deux précédents films, LA FORTERESSE et VOL SPECIAL. Comme toujours dans le cinéma de Fernand Melgar, la parole est donnée aux protagonistes, à savoir aux sans-abri, pour la plupart migrants économiques, qui espèrent chaque soir trouver une place en centre d’hébergement. Cela se passe à Lausanne, mais cela pourrait se passer dans n’importe quelle ville européenne. Il y a actuellement en France plus de 140.000 sans-abri, et dans l’Union Européenne, ils sont plus de 4 millions.

Puis le 8 juillet, ce sera au tour de DIOR ET MOI de Frédéric Tcheng. De l’hébergement d’urgence à la haute couture, il y a un contraste certain ! Mais c’est ici la dimension sociale et humaine inédite qui a retenu notre attention : la caméra de Frédéric Tcheng livre en effet, avec une grande sobriété et sensibilité, le portrait de petites mains et collaborateurs d’une des maisons les plus mythiques. C’est au final l’aventure collective, le rapport au travail et à la création, la vision d’un directeur artistique certes, mais portée par une équipe passionnée sans laquelle rien ne serait, qui sont ici sous les projecteurs. On découvre également un créateur discret et introverti, Raf Simons, aux antipodes des personnalités fantasques et excessives auxquelles la mode nous avait habitués. DIOR ET MOI est un regard singulier sur une aventure humaine qui dépasse les clichés du milieu dans lequel il se déroule.

A la rentrée, ou plutôt à l’automne, c’est un monument du cinéma -dans tous les sens du terme- qui sera à l’honneur : DEATH IN THE LAND OF ENCANTOS de Lav Diaz, épopée de 9 heures dans laquelle le spectateur se surprend à s’immerger totalement, en oubliant les notions d’espace et de temps inculqués par une société qui ne s’autorise qu’une liberté d’expression limitée. Le film de Lav Diaz, récompensé au Festival de Venise, en est la preuve vivante et la révélation. A la fois fiction et documentaire -le héros revient sur les lieux de son enfance, dévastés par le typhon Reming-, fable philosophique et tableau contemplatif, le film reste en mémoire longtemps après son visionnage et continue de cheminer inextricablement, comme une œuvre d’art que l’on aurait à cœur de revoir encore et encore, pour se laisser pénétrer par sa beauté à la fois inquiétante et organique. DEATH IN THE LAND OF ENCANTOS fera l’objet d’une présentation exceptionnelle, en présence du réalisateur, début novembre, en partenariat avec le Festival d’Automne et le Jeu de Paume qui propose une rétrospective des oeuvres de Lav Diaz du 3 novembre au 5 décembre.