Le 27 novembre 2013, sort en France l’ultime opus de Koji Wakamatsu au sein de la trilogie sur l’ère Showa : après UNITED RED ARMY (2008) et LE SOLDAT DIEU (2010), voici donc 25 NOVEMBRE 1970 : LE JOUR OU MISHIMA CHOISIT SON DESTIN (2012). Une énième occasion pour ce cinéaste de la révolte prolifique (avec plus de 135 films à son actif !), accidentellement décédé l’année dernière, d’être, une fois de plus, la proie de commentaires contradictoires…
Distributrice de 17 de ses films (16 chez Blaq Out et 1 chez Dissidenz Films), après la découverte de UNITED RED ARMY et un retour rétroactif sur ses films des années 60, c’est donc en fin de compte avec peu de surprise que je prends à nouveau connaissance de tout et son contraire sur son film, son cinéma, sa personnalité, sa perception, ses intentions etc, démontrant une fois de plus que le cinéma de Wakamatsu est fondamentalement clivant et dérangeant et que ce dernier n’a pas fini de brouiller les pistes ni de susciter divers fantasmes… (et qu’accessoirement, vivant ou mort, l’avis des autres est le cadet de ses soucis !)
Un petit florilège rétroactif (à croiser aussi avec les différents films pour savourer les contradictions) :
QUAND L’EMBRYON PART BRACONNER (1966), distribué en salles par mon confrère Gilles Boulenger de Zootrope Films et dénicheur de perles cinématographiques : interdit aux moins de 18 ans lors de sa sortie en salles en 2007 car jugé “dégradant pour l’image de la femme” ! Résultat : annulation obligatoire de la diffusion TV prévue sur Arte à cause de cette interdiction… (Vous avez dit censure ?)
POUR :
“Un film extrême, provocant et délirant. C’est surtout un film d’une sidérante beauté plastique, porteur par ailleurs d’une charge subversive à retardement.” (Le Monde)
“Loin du précipité complaisant, voyeuriste et misogyne (…), le film traque de manière étonnamment subtile les rapports de force entre le dominateur et la dominée (…) et travaille chacun de ses plans avec virtuosité (…) Difficile de trouver plus intense et dérangeant.” (aVoir-aLire.com)
CONTRE :
“Opus sadien plutôt pénible à regarder, sur fond de flagellation et d’humiliation par un pervers orphelin. Le tout sacrément daté même si la mise en scène fut en son temps innovante.” (Télérama)
“Le film est, il faut bien l’avouer, nettement moins bon que d’autres fleurons de l’oeuvre de Wakamatsu” (Chronic’art)
UNITED RED ARMY (2008), sur la radicalisation des mouvements étudiants à la fin des années 60 au Japon, que j’ai sorti en salles en mai 2009.
POUR :
“Une oeuvre qui frappe d’abord par sa durée, par son ampleur, son ambition, sa sécheresse didactique tout autant que par l’absurde violence de ce qu’elle décrit. (…) un film politique qui aspire à raconter une réalité proche de l’impensable, (…) un moment de l’histoire contemporaine.” (Le Monde)
“Dès la première heure, incroyable de compression, Wakamatsu oppose images d’archives et images de fiction. Celles-ci montrent des jeunes gens qui, légitimement, voient rouge, la constitution d’un groupe, d’un cercle. Tout petit, étouffant, déjà. Sans fenêtre sur le réel. Les revendications sont justes, mais il y a comme un début de gêne à les voir parler du monde, sinon en lieu et place du monde, quand jamais leur armée mexicaine n’est raccordée avec autre chose que sa propre cellule. Le mal est là, si tôt. United Red Army est ce film uni/désuni qu’aucun cinéaste japonais autre que Wakamatsu n’aurait pu faire. Son histoire, pas facile. Une leçon. N’ayez pas peur.” (Libération)
“Jamais le spectateur ne se sent étouffé sous la masse d’informations. Les trois heures s’envolent comme un tourbillon magnifique et ravageur, et ce film monumental apparaît léger, immatériel, comme un souvenir.” (Positif)
“Une vraie curiosité, sans aucun équivalent dans le cinéma mondial d’aujourd’hui.” (TéléCinéObs)
CONTRE :
“Le rythme est un peu épuisant, la facture parfois télévisuelle.” (Les Inrockuptibles)
“La mise en scène, lancinante, confine à la monotonie.” (L’Humanité)
LE SOLDAT DIEU (2010), adaptation libre de la nouvelle d’Edogawa Rampo, Ours d’Argent au Festival de Berlin 2010, sorti en salles en décembre 2010.
POUR :
“”Le Soldat dieu” est un brûlot rageur, un coup de sabre tranchant dans le militarisme, le nationalisme et le patriarcalisme.” (Les Inrockuptibles)
“La force de ce film étonnant est ainsi moins liée à sa virulence satirique qu’au mélange des tons qui la tempère. L’humour noir, le lyrisme tragique et même la beauté y ont leur part.” (Le Monde)
“C’est éprouvant et puissant, d’une ironie féroce, rythmé en contrepoint grotesque par des chants militaires victorieux.” (Marianne)
“Koji Wakamatsu s’impose comme un cinéaste radical et signe une oeuvre antimilitariste et dérangeante.” (Paris Match)
CONTRE :
“Répétitif” (Journal du Dimanche)
“Si Wakamatsu sait regarder ses personnages et l’histoire de son pays droit dans les yeux, il n’en peine pas moins avec l’aspect sentimental de son film.” (Critikat)
25 NOVEMBRE 1970 : LE JOUR OU MISHIMA CHOISIT SON DESTIN (2013), sous-titré en japonais “Yukio Mishima et ses jeunes disciples”, présenté au Festival de Cannes 2012 dans la section Un Certain Regard. En salles le 27 novembre. Pourquoi sur une seule copie ? Parce que le film n’a pas été jugé digne d’une aide à la distribution -très souvent cruciale pour un distributeur indépendant- par la Commission CNC concernée…
POUR :
“En une série de tableaux, à-plats froids et précis que le tournage en numérique débarrasse de toute séduction, Wakamatsu propose sa vision du mécanisme qui conduisit Mishima vers le type de destin qu’il s’était choisi. (…) Poétique et métaphysique.” (Le Monde)
“Tourné avec peu de moyens, Wakamatsu se concentre sur l’essentiel, vise une forme d’épure assez radicale (en cela, c’est le contre-pied exact du Mishima, nettement plus baroque, de Paul Schrader, en 1985). « La mort doit être beauté », disait le romancier. Le cinéaste montre froidement le caractère absurde de sa cause perdue, tout en ne cessant de s’interroger, accordant aussi à sa démarche une certaine grandeur, fût-elle noire et suicidaire. Son film, dans sa ferveur déchirante, ne manque pas de séduire, surtout grâce à la performance d’Arata Iura qui, de manière stupéfiante, donne corps à ce singulier destin.” (Télérama)
“Reconstitution limpide et tranchante de la croisade héroïque de Mishima” (Les Inrockuptibles)
“Wakamatsu ne procède pas à une reconstitution avec pléthore de figurants, mais préfère utiliser des images d’archives. En agissant ainsi, il préserve le rythme et l’épure de sa mise en scène, et contextualise tout en rappelant qu’il vise avant tout à focaliser son attention sur la parole et la trajectoire de Mishima et de ses disciples. (…) On sent que son savoir-faire de cinéaste est ici au service du récit, de la parole et des actes des personnages, qu’il se doit de trouver une forme d’équilibre et de retrait afin de rendre compte avec clarté et limpidité de son histoire.” (Critikat)
“Avec peu de moyens, mais avec une belle conviction vissée au cœur, Koji Wakamatsu signe une œuvre politique majeure faisant un bilan peu reluisant de l’activisme des années 70, qu’il soit de droite ou de gauche. Implacable.” (aVoir-aLire.com)
CONTRE :
“Outrance et platitude” (Libération)
“Difficile de faire plus vide de toute idée de cinéma, plus ringard côté interprétation…” (Fiches du cinéma)
“Une mise en scène raide et une interprétation laborieuse” (TF1 News)
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